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ces arbres dont les racines plongent dans les toits des édifices enterrés, en disjoignent les tuiles, en fendent les plafonds, en disloquent les colonnes, et passèrent par ces champs où de vulgaires légumes fructifient sur des merveilles d’art, matérielles images de l’oubli que le temps déploie sur les plus belles choses.

L’amphithéâtre ne les surprit pas. Ils avaient vu celui de Vérone, plus vaste et aussi bien conservé, et ils connaissaient la disposition de ces arènes antiques aussi familièrement que celle des places de taureaux en Espagne, qui leur ressemblent beaucoup, moins la solidité de la construction et la beauté des matériaux.

Ils revinrent donc sur leurs pas, gagnèrent par un chemin de traverse la rue de la Fortune, écoutant d’une oreille distraite le cicerone, qui en passant devant chaque maison la nommait du nom qui lui a été donné lors de sa découverte, d’après quelque particularité caractéristique : — la maison du Taureau de bronze, la maison du Faune, la maison du Vaisseau, le temple de la Fortune, la maison de Méléagre, la taverne de la Fortune à l’angle de la rue Consulaire, l’académie de Musique, le Four banal, la Pharmacie, la boutique du Chirurgien, la Douane, l’habitation des Vestales, l’auberge d’Albinus, les Thermopoles, et ainsi de suite jusqu’à la porte qui conduit à la voie des Tombeaux.

Cette porte en briques, recouverte de statues,