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composée du père, de la mère, de trois grandes filles, de deux petits garçons et d’un cousin, avait déjà parcouru d’un œil glauque et froid, où se lisait ce profond ennui qui caractérise la race britannique, l’amphithéâtre, le théâtre de tragédie et de chant, si curieusement juxtaposés ; le quartier militaire, crayonné de caricatures par l’oisiveté du corps de garde ; le forum, surpris au milieu d’une réparation ; la basilique, les temples de Vénus et de Jupiter, le Panthéon et les boutiques qui les bordent. Tous suivaient en silence dans leur Murray les explications bavardes du cicerone et jetaient à peine un regard sur les colonnes, les fragments de statues, les mosaïques, les fresques et les inscriptions.

Ils arrivèrent enfin aux bains antiques, découverts en 1824, comme le guide le leur faisait remarquer. « Ici étaient les étuves, là le four à chauffer l’eau, plus loin la salle à température modérée ; » ces détails donnés en patois napolitain mélangé de quelques désinences anglaises paraissaient intéresser médiocrement les visiteurs, qui déjà opéraient une volte-face pour se retirer, lorsque miss Ethelwina, l’aînée des demoiselles, jeune personne aux cheveux blonds filasse, et à la peau truitée de taches de rousseur, fit deux pas en arrière, d’un air moitié choqué, moitié effrayé, et s’écria : « Un homme !

— Ce sera sans doute quelque ouvrier des fouilles à qui l’endroit aura paru propice pour