Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le commodore ; et moi, que vous appelez sage, je ne suis qu’un vieux fou. Je crois que cette Vicè est sorcière ; elle m’avait tourné la tête avec toutes ses histoires. Quant au comte Altavilla, ses cornes et sa bimbeloterie cabbalistique me semblent à présent assez ridicules. Sans doute, c’était un stratagème imaginé pour faire éconduire Paul et t’épouser lui-même.

— Il se peut que le comte Altavilla soit de bonne foi, dit miss Ward en souriant ; — tout à l’heure vous étiez encore de son avis sur la jettature.

— N’abusez pas de vos avantages, miss Alicia ; d’ailleurs je ne suis pas encore si bien revenu de mon erreur que je n’y puisse retomber. Le meilleur serait de quitter Naples par le premier départ de bateau à vapeur et de retourner tout tranquillement en Angleterre. Quand Paul ne verra plus les cornes de bœuf, les massacres de cerf, les doigts allongés en pointe, les amulettes de corail et tous ces engins diaboliques, son imagination se tranquillisera, et moi-même j’oublierai ces sornettes qui ont failli me faire fausser ma parole et commettre une action indigne d’un galant homme. — Vous épouserez Paul, puisque c’est convenu. Vous me garderez le parloir et la chambre du rez-de-chaussée dans la maison de Richmond, la tourelle octogone au castel de Lincolnshire, et nous vivrons heureux ensemble. Si votre santé exige un air plus