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décolorées comme au souffle froid de la mort ? — Ne lui fais-je pas la jettatura sans le vouloir ? — Mais peut-être aussi n’y a-t-il là rien que de naturel. — Beaucoup de jeunes Anglaises ont des prédispositions aux maladies de poitrine. »

Ces pensées occupèrent Paul d’Aspremont pendant la route. Lorsqu’il se présenta sur la terrasse, séjour habituel de miss Ward et du commodore, les immenses cornes de bœufs de Sicile, présent du comte Altavilla, recourbaient leurs croissants jaspés à l’endroit le plus en vue. Voyant que Paul les remarquait, le commodore devint bleu : ce qui était sa manière de rougir, car, moins délicat que sa nièce, il avait reçu les confidences de Vicè…

Alicia, avec un geste de parfait dédain, fit signe à la servante d’emporter les cornes et fixa sur Paul son bel œil plein d’amour, de courage et de foi.

« Laissez-les à leur place, dit Paul à Vicè ; elles sont fort belles. »


IX


L’observation de Paul sur les cornes données par le comte Altavilla parut faire plaisir au commodore ; Vicè sourit, montrant sa denture dont