Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tous les trois prirent place autour de la table de pierre, sous le plafond des pampres ; le soleil s’était plongé dans la mer, et le jour bleu qu’on appelle la nuit à Naples succédait au jour jaune. La lune semait des pièces d’argent sur la terrasse, par les déchiquetures du feuillage ; — la mer bruissait sur la rive comme un baiser, et l’on entendait au loin le frisson de cuivre des tambours de basque accompagnant les tarentelles…

Il fallut se quitter ; — Vicè, la fauve servante à chevelure crépue, vint avec un falot pour reconduire Paul à travers les dédales du jardin. Pendant qu’elle servait les sorbets et l’eau de neige, elle avait attaché sur le nouveau venu un regard mélangé de curiosité et de crainte. Sans doute, le résultat de l’examen n’avait pas été favorable pour Paul, car le front de Vicè, jaune déjà comme un cigare, s’était rembruni encore, et, tout en accompagnant l’étranger, elle dirigeait contre lui, de façon qu’il ne pût l’apercevoir, le petit doigt et l’index de sa main, tandis que les deux autres doigts, repliés sous la paume, se joignaient au pouce comme pour former un signe cabbalistique.