Page:Gautier - Œuvres de Théophile Gautier, tome 1.djvu/163

Cette page a été validée par deux contributeurs.

certains naturalistes trouvent à ceux du crapaud. Aucune gibbosité n’arrondissait ses épaules ni ne bombait sa poitrine ; cependant il faisait naître l’idée d’un bossu, quoiqu’on eût vainement cherché sa bosse. En somme, c’était un groom très convenable, qui eût pu se présenter sans entraînement aux races d’Ascott ou aux courses de Chantilly ; tout gentleman-rider l’eût accepté sur sa mauvaise mine. Il était déplaisant, mais irréprochable en son genre, comme son maître.

L’on débarqua ; les porteurs, après des échanges d’injures plus qu’homériques, se divisèrent les étrangers et les bagages, et prirent le chemin des différents hôtels dont Naples est abondamment pourvu.

Le voyageur au lorgnon et son groom se dirigèrent vers l’hôtel de Rome, suivis d’une nombreuse phalange de robustes facchini qui faisaient semblant de suer et de haleter sous le poids d’un carton à chapeau ou d’une légère boîte, dans l’espoir naïf d’un plus large pourboire, tandis que quatre ou cinq de leurs camarades, mettant en relief des muscles aussi puissants que ceux de l’Hercule qu’on admire aux Studj, poussaient une charrette à bras où ballottaient deux malles de grandeur médiocre et de pesanteur modérée.

Quand on fut arrivé aux portes de l’hôtel et que le padron di casa eut désigné au nouveau survenant l’appartement qu’il devait occuper,