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de sa selle… et portée sur un tertre de gazon… puis, elle ne se souvenait plus de rien… C’est nous qui lui avons appris que deux jeunes cavaliers avaient fait assaut d’héroïsme et de vélocité…

BÉATRIX.

Quel mystère !… ignore-t-on aussi ce qu’ils sont devenus ?

LE COMTE.

Est-on parvenu à les arrêter ?…

GRISELDA.

J’espère bien que non, seigneur comte… C’est le chef d’alguazils, Martinez, qui est chargé de les poursuivre… et tout le monde connaît sa maladresse égale seulement à sa bêtise… On dit cependant, hélas !…

BÉATRIX.

Quoi ?…

GRISELDA.

Que l’un d’eux, en voulant fuir, s’est noyé dans le Tage.

LE COMTE.

Noyé !…

BÉATRIX.

Dieu veuille que ce ne soit pas !… Mais il me tarde de voir Sa Majesté… toi qui sais où elle est, Griselda, conduis-nous !…

LE COMTE.

Oui, l’étiquette ne nous défend pas de manifester une émotion respectueuse, je vous suis… (Les autres sortent ; le comte va les suivre, au même moment, don Melchior entre, et le retient.)




Scène III.


LE COMTE, DON MELCHIOR.


DON MELCHIOR.

Un instant !… Permettez au pire des neveux, de donner l’accolade au meilleur des oncles !…

LE COMTE.

Tout beau !… don Melchior de Bovadilla !… vous allez chiffonner ma fraise…

DON MELCHIOR.

Laissez-moi, tout indigne que je suis, me précipiter dans vos bras !… c’est la voix du sang qui parle… écoutons-là !…

LE COMTE.

C’est bon !… c’est bon !…

DON MELCHIOR.

Elle me dit de vous embrasser encore une fois…

LE COMTE.

Don Melchior, vous m’aimez trop !…