Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’étreinte, et, rejetée soudain hors du rêve, hors du sommeil, je me pris à regretter ces anneaux mortels qui m’enserraient… Quel peut être ce présage ? (Aux femmes.) Rapportez ce que j’ai dit à l’astrologue : qu’il interroge l’inconnu, et, sans tarder, qu’il me donne sa réponse, ici même. Allez ! (Deux des suivantes sortent à ce commandement. L’Impératrice continue de lentement descendre. Elle est seule au milieu du sentier impérial, qui est très large et dont la blancheur est comme semée de petites paillettes brillantes.) Comme la rosée brille sur le sentier de marbre ! Il me semble fouler un tapis d’étoiles. Mais mon passage éteint leur lumière, et mon vêtement qui traîne change les gouttelettes étincelantes en un peu d’eau quelconque, dont le bas de ma robe est trempé. ({Elle descend encore.) Pourquoi est-elle toujours devant mes yeux, l’image de cet homme que j’ai vu ce matin pour la première fois ?… Pourquoi, de cette journée, où de si lourds devoirs sont échus à ma faiblesse, n’ai-je retenu qu’un regard ardent et profond, plongeant dans le mien avec une audace souveraine ? Comment n’étais-je pas offensée par ce regard-là, pas plus que par les rayons du bienfaisant soleil, lorsqu’ils violent ma demeure ?…