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au portail d’honneur. Je travaillais sans me méfier, quand tout à coup voilà que le tambour bat, que la cloche tinte, que les veilleurs descendent de la tour du guet pour ouvrir la grande porte. Des gardes accourent, et des chefs, et des ministres. J’entends dire que celui qui arrive est le plus important de tous les invités, le vice-roi des provinces du Sud. Comment m’échapper au milieu de tous ces beaux personnages ?… Impossible !… Je me cache derrière une des grosses pattes, je me fais tout petit, personne ne prend garde à moi… et j’ai vu, j’ai vu, à travers le globe ajouré, vous savez, que le lion tient sous sa griffe…

PETIT-SAPIN

Toi ! tu as vu entrer le vice-roi avec son cortège ?…

LE COURBÉ

Oui, moi !… Oh ! tant de costumes de soie et d’or ! tant de chevaux qui étaient tout brillants de pierreries ! tant de bannières ! Et des visages terribles, et des regards effrayants d’orgueil !… Mais quand il parut, lui, oh ! comme j’ai compris que tout le reste ne comptait plus… Pâle, l’air très las, sur un cheval maintenu par deux valets…