Page:Gautier, Loti - La Fille du Ciel (1912).djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bras… Approche aussi ta poitrine, plus près, tout ton être, que je m’en aille comme en toi !

L’EMPEREUR, resserrant l’étreinte.

En moi, et avec moi, car je te suivrai, va, mon beau Phénix qui m’échappe et s’envole…

L’IMPÉRATRICE

Non !… Reste sur la terre, reste pour garder l’amour que je t’ai donné… Qui donc se souviendrait de moi et rendrait un culte à mes Mânes ?… Dans la vallée d’éternel silence, par les avenues de marbre, sous l’ombre des cèdres obscurs, qui donc viendrait rêver aux grâces évanouies de ma forme d’un jour… Dis, tu resteras… Mais, viens plus près encore… Si tu n’as pas peur du dernier souffle d’une mourante, approche aussi tes lèvres, mon époux, que j’aie au moins connu ton baiser…

L’EMPEREUR, appuyant les lèvres éperdument sur les siennes.

Oh ! même ta poussière me serait désirable, même la décomposition de ton corps… Peur, tu demandes si j’aurai peur !… Le respect seul