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surhumaine, elle a tenu sa parole. Ouvrez toutes grandes devant elle les portes funèbres : la voici, elle vient !… (Souriante et douce tout à coup, à l’Empereur resté agenouillé.) Et maintenant que tout est accompli, approchez-vous, sire. (Elle le prend doucement par la main, pour lui indiquer de se relever et de s’asseoir.) Une seconde fois dans sa vie, l’Impératrice vous invite à vous asseoir… comme jadis là-bas, vous souvenez-vous, un matin, dans mon palais qui n’est plus…

Elle se rassied sur le trône.
L’EMPEREUR, en rêve.

Comme jadis là-bas, dans vos jardins, l’inoubliable matinée… Autour de nous, ces grandes fleurs des lointains climats qui s’ouvraient, humides encore des rosées de la nuit… Et ce beau Phénix impérial, qui rayonnait dans toute sa gloire…

Il se laisse tomber sur le trône auprès d’elle, la tête cachée contre le dossier.
L’IMPÉRATRICE

Aujourd’hui, sur ces fleurs, la flamme des incendies a passé… Et il agonise, le Phénix, qui