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souveraine, maîtresse des destinées de la Chine, arbitre de tout… (L’Impératrice l’arrête d’un regard, comme offensée.) Maîtresse des destinées de la Chine, oui !… Et, ne vous offensez pas, je n’entends point là parler de votre pouvoir sur son Empereur… Mais, vaincue, captive, peu importe, n’êtes-vous pas toujours la fille des Ming ? Des cœurs, par centaines de millions, vous appartiennent secrètement… La révolte, un moment domptée par mes soldats, renaîtra demain, renaîtra toujours… Vous seule au monde auriez le pouvoir de l’apaiser à jamais… et cela ne vous laisse plus le droit de mourir…

L’IMPÉRATRICE, interrompant.

Les morts m’attendent… Je suis des leurs, maintenant… J’entends leurs voix qui me pressent de venir…

L’EMPEREUR

Je voudrais vous dire en peu de mots… Je vous sens déjà partie, déjà glacée… Je me hâte et je me perds… Il me semble que je parle à la pierre d’une tombe… Des puissances, vous et moi, disais-je, oh ! oui, de grandes puissances !… Deux lignées rivales d’empereurs fabuleux, de