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fallait… Le devoir, dites-vous ?… Mais, j’appartiens donc encore à la Terre, vous croyez ?… Mes villes sont détruites, mes armées sont anéanties, mon fils est mort… Et à cette heure, tenez, je le sais, là, au pied de votre grande muraille tartare, les têtes une à une tombent dans la poussière, les têtes de mes derniers fidèles… Alors, quel devoir je vous prie ?… (Elle retire le poignard de sa robe et tend le bras pour se frapper.) Celui-ci, rien que celui-ci… (L’Empereur se jette sur elle avec un cri, l’arrête en lui saisissant le poignet et jette le poignard à terre.) Ah ! vous portez les mains sur moi, à présent !

L’EMPEREUR, incliné, très bas.

Pardon !… Écoutez-moi seulement ; vous mourrez après si vous voulez, je vous le promets… mais d’une façon plus douce…, pas comme cela avec du sang… Même je vous en fournirai les moyens, si vous voulez toujours…

L’IMPÉRATRICE, avec douceur tout à coup.

D’une façon plus douce !… Cela, je le veux bien… Le breuvage de la Grande Délivrance, nous autres souverains, nous n’allons point sans cela. Vous l’avez aussi, n’est-ce pas ?