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L’IMPÉRATRICE

Un m’appelle au pays des Ombres. Permettez-moi bientôt d’en franchir le seuil ; de vous, je ne puis accepter d’autre grâce. Mes fidèles, mes guerriers s’étonnent que je tarde à les rejoindre, et mon fils écoute s’il n’entend pas derrière lui dans le sentier obscur, venir le bruit de mes pas.

L’EMPEREUR

Votre fils !… Oh ! votre fils !… Qui donc, après vous, l’a pleuré comme moi ?… Dix courriers ont été lancés, mes plus rapides cavaliers, nuit et jour au galop, crevant leurs chevaux, jalonnant les routes de cadavres époumonés, pour essayer d’arriver à temps, de détourner l’irrémédiable malheur…

L’IMPÉRATRICE

Qu’en a-t-on fait ?… Le corps de mon fils, où est-il ?…

L’EMPEREUR

À cette heure, dans un grand char impérial, il s’achemine lentement vers le Nord, précédé de musiques funèbres, suivi de mille dignitaires en vêtements de gala, avec tout le faste d’un jeune souverain.