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PRINCE-FIDÈLE, vêtu de la robe du général tartare, entre en courant par une porte du fond et se prosterne aux pieds de l’Impératrice.

Oh ! le ciel est encore clément, puisqu’il permet qu’avant de mourir je me prosterne une dernière fois devant mon Impératrice adorée.

L’IMPÉRATRICE, avec calme et égarement.

Vous ? C’est vous qui êtes ici ?… Cher prince !… Alors, sommes-nous donc partis de la Terre, est-ce déjà notre réunion plus haut que la vie ?… Sans cela, par où seriez-vous venu, comment par quel sortilège, à travers tous ces murs qui font peur ?…

PRINCE-FIDÈLE, toujours prosterné.

L’audace ne coûte pas, quand on n’a plus rien à perdre… Et puis les Dieux, sans doute, étaient avec moi… Oui, j’ai passé, comme par sortilège, ainsi que vous dites, j’ai passé les murs, les portes gardées… Un de ses soldats, à lui, m’a guidé aussi, pour ce qui me restait d’or… Pardonnez-moi, voici que je pleure : est-ce de joie ou de détresse, je ne sais plus… De joie, oui… car je ne souhaitais que cette grâce : avoir revu