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mes funérailles !… Et puis, je veux encore une fois les regarder, mes héros, et là-bas, mon beau palais qui se dessine toujours. (Aux filles d’honneur agenouillées.) Vous, mes filles chéries, relevez-vous, ne vous attardez pas, le lac où vous allez n’est pas proche d’ici…

Les filles d’honneur s’en vont, en se donnant la main, et on entend leurs sanglots. L’Impératrice franchit la porte et puis se retourne sur le seuil comme une hallucinée, regardant la flamme du bûcher qui commence de monter, et levant les bras en grands gestes extasiés.

Ah ! la belle flamme rouge !… Ah ! la belle fumée qui tourbillonne !… Il fait clair dans mon palais, pour le dernier soir. Et je les vois, leurs nobles âmes, qui montent, qui montent, dans le tournoiement des spirales brunes !…

LES SOLDATS, chantant dans la flamme.

Dix mille années ! Dix mille années !

L’IMPÉRATRICE, aux soldats.

Allez, mes braves !… Montez, montez, volez, vers le ciel des ancêtres, planez là-haut chez le Dieu des nuages !…