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favorable ; il savait d’ailleurs ce que valaient les ministres de la Régente, maîtres, avec elle, du pouvoir ; il plaignait l’impériale victime, tout son cœur allait vers ce souverain, puisqu’il était malheureux. Mais comment l’atteindre, par delà ses quadruples murailles ? Comment éveiller l’attention de la mélancolique idole ?… Kan-You-Wey renouvela dix fois la tentative, avec un zèle d’apôtre, et réussit enfin, en 1898, grâce à l’un de ses disciples, à placer sous les yeux de l’empereur un mémoire qu’il avait préparé.

Alors le souverain-fantôme se réveilla ; très frappé par ces idées subversives, il voulut qu’elles lui fussent expliquées en détail et accorda une audience au novateur ; tout de suite il subit l’influence de ce grand esprit ; il fit de lui son ministre, son confident intime, et, soutenu par ses conseils, il parvint à ressaisir le pouvoir.

C’est à ce moment du règne de Kouang-Su que se déroule notre drame ; l’empereur lui-même en est le héros, et Kan-You-Wey y figure sous le nom de Puits-des-bois…


JUDITH GAUTIER ET PIERRE LOTI.