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de cette indéracinable haine de race que vous savez ; à présent le mépris s’y ajoute. Oh ! cet Empereur, qui fume l’opium dans son palais de momie, tandis que ses hordes de soldats vont à leur gré, à travers les provinces, laissant des traînées rouges et des charniers pour les vautours !…

Et si, par impossible, je m’humiliais jusqu’à l’accepter, sa grâce, qui me la garantirait après tout, puisqu’on ne lui obéit pas ?… Contre cette armée de bêtes fauves, qui était là tout à l’heure, et va revenir hurler la mort derrière cette muraille, qui donc le ferait respecter, l’ordre de grâce de votre Empereur-fantôme ?… Mais qui ?

L’EMPEREUR

Moi !

L’IMPÉRATRICE

Vous ! (Plus douce et plus troublée.) Vous ! Peut-être en effet, car vous ne semblez pas de ceux à qui l’on ose désobéir… Du reste, votre superbe audace, de reparaître à cette heure !… Mais, si elle ne trompe pas, la loyauté que je lis dans vos yeux, cessez le jeu que vous faites, et, cette fois, répondez : Qui êtes-vous ?