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Quelques milliers de femmes ont réussi à se jeter dans le fleuve… Les autres, on les viole, en même temps qu’on les étrangle… Le sang coule sur les pavés, autant que l’eau du ciel après l’orage… Chaque ruisseau déverse au fleuve comme un grand éventail rouge… Tout le long des rues, les morts, les torses encore chauds, se vident de leur sang, par l’entaille du cou tranché… Bonne souveraine, pour venir, j’ai enjambé mille cadavres… Mes pieds s’embarrassaient dans les longues chevelures, traînant après elles des têtes coupées… Majesté, c’est la fin !… (Il s’agenouille à nouveau.) Et maintenant pardonnez-moi d’être le messager de malheur.

L’IMPÉRATRICE

Un brave et fidèle messager, que je remercie… Relève-toi, t’ai-je dit, et, parmi mes derniers soldats, reprends ton poste suprême… (Ouan-Tsi se relève et se mêle aux soldats, qui, au fond de la scène, continuent de dresser le bûcher. À Cinnamome, en lui indiquant la buire et la tasse d’or :) Allons, Cinnamome, c’est l’heure.

CINNAMOME

Oh ! Majesté, pas encore.