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de race furent tout près de la victoire. Ainsi, il y a une vingtaine d’années, des événements que l’Europe n’a jamais bien connus, bouleversèrent la Chine. Les révoltés, victorieux pour un temps, proclamèrent à Nang-King un empereur de sang chinois et de la dynastie des Ming. Il s’appelait Ron-Tsin-Tsé, ce qui signifie : la Floraison définitive, et sa période fut nommée par ses fidèles Taï-Ping-Tien-Ko, ce qui signifie : l’Empire de la grande paix céleste. Il régna dix-sept années, concurremment avec l’empereur tartare de Pékin, et à peine dans l’ombre.

Plus tard, on s’efforça de supprimer même son histoire ; les livres qui la contaient furent confisqués et brûlés, et on défendit, sous peine de mort, de prononcer son nom.

Voici cependant la traduction du passage qui le concerne, dans le volumineux rapport adressé par le général tartare Tsen-Kouan-Weï à l’empereur de Pékin :

« Quand les révoltés se soulevèrent dans la province de Kouang-Tong, dit-il, ils s’étaient emparés de seize provinces et de six cents villes. Leur coupable chef et ses criminels amis étaient devenus formidables. Tous leurs généraux se fortifiaient dans les places qu’ils avaient prises,