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LUINI.

dessin au crayon sur papier bleuté, tête de femme tournée à droite, qui autorise tous les doutes.

Enfin, pour quitter Léonard et l’écarter de Luini, où sont dans Fart et dans la vie de Bernardino Luini, les inquiétudes sans trêve, les échappées prodigieuses du Vinci, dans toutes les sphères de l’activité humaine ? Pour l’infatig-able artisan, rien de tout cela n’existe. Luini, si novateur dans ses procédés, c’est, pour la manière de vivre, un de ces vieux maîtres qui conservent en Lombardie la même tradition que les anciens de Florence ; on a sa (( boutique » de peintre, ^di bottega, ou bien l’on va dans les cliâteaux, dans les églises, avec son attirail et ses acolytes, et l’on travaille en conscience, du lever au coucher du jour.

Luini sent, avec son instinct d’artiste, qu’il est doué pour voir la nature et la peindre sous l’aspect de la fresque, par l’intuition rapide d’une vie colorée, ardente : il fait des fresques sans relâche.

La Bible, l’Ancien Testament et le Nouveau Testament, la Vie des Saints (à peine un peu de mythologie païenne tout au début), toutes ces histoires lui sont présentes sous leur forme éternelle ; c’est-à-dire qu’elles existent vraiment pour lui, et de son temps, et sous les apparences mêmes des êtres qu’il voit vivre. Ce sont ses lils, ce sont les femmes dont le charme l’a troublé ou transporté, qui forment le peuple de ses fictions ; ce sont les enfants qu’il caresse ou les vieillards dont il partage la promenade et la causerie ; ce sont, à Lugano, les fdles de Campione ou de