Cécile et Collin
Elle —
Nous voici dans la plaine;
Allons, mon cher Collin,
Quitte donc cette gêne
Et prends-moi par la main.
Assis dessous l’ombrage,
Au combi’ de nos désirs
Et sous le vert feuillage
Causons de l’avenir.
Elle —
Construisons si tu veux
Un petit nid d’amour;
Nous l’habit’rons tous deux
Et vivrons d’heureux jours;
Nous aurons pour partage,
Sous un beau ciel serein,
Le bonheur en ménage;
Qu’en dis-tu, cher Collin ?
Lui —
Non, non, mamzell’ Cécile,
Jamais je n’oserais;
Laissez-moi donc tranquille ;
J’vas planter mes navets.
J’ai autre chose à faire
Qu’écouter vos discours
Et j’cultiv’ mieux la terre
Que je cultiv’ l’amour.
Lui —
C’est beau, mamzell’ Cécile,
D’vous entendr’ roucouler;
Comm’ vous venez d’ia ville
Vous savez bien parler;
Mais des bell’s phras’s comme ça
Ça ne sera jamais
Avec ça qu’on mang’ra :
J’vas planter mes navets !