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Ils passent ; — et leurs pieds ne marquent pas le sable.
Franchiront-ils ainsi l’espace infranchissable ?
Iront-ils d’un élan
Aux confins de la terre, où la nuit est profonde,
Où, comme une ceinture aux vastes flancs du monde,
Court le fleuve Océan ? —

Non ; ce n’est pas si loin que s’étend leur carrière,
Voyez-vous se dresser là-bas ce bloc de pierre
Dans le stade glissant ?
C’est la borne, qu’il faut d’une roue enflammée
Tourner trois fois, avant que la course animée
S’arrête en frémissant.

Malheur au téméraire à qui le fouet échappe,
Dont les coursiers tardifs n’ont plus rien qui les frappe
Qu’une voix sans pouvoir !
Et malheur à celui qui tourne court, et brise
Son essieu gémissant contre la borne grise !
Ils ne pourront pas voir

Sur leur front découvert la couronne descendre ;
Le poète divin ne fera pas entendre
Dans ses hymnes leurs noms ;
Leurs fils ne verront point leurs superbes statues
D’un épais manteau d’or et d’argent revêtues,
Peupler les parthénons !

Mais bienheureux celui qu’en vain ses rivaux suivent,
Dont les chevaux au but avant tout autre arrivent,
Essoufflés et fumants !
— Oh ! qu’il leur donne alors du froment à mains pleines,
Et qu’il lave dans l’eau des plus pures fontaines
Leurs membres écumants !