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Et si, portant la main à sa tête penchée,
Comme pour étouffer des pensers douloureux,
Exhalant une plainte à son âme arrachée,
Il disait : — « Noble Grèce au sépulcre couchée,
Où donc sont nos lutteurs, nos palmes et nos jeux ?… » —

Qu’il regarde ! Il verra l’esprit sur la matière
Posant enfin le pied comme un maître vainqueur,
Abattre de l’erreur la funeste barrière,
À toute intelligence ouvrir libre carrière,
Régénérer le peuple et mettre haut le cœur !

— Et qu’importe l’arène où la poussière vole,
Où la force tient lieu de vertu, de talent,
Où devant Hérodote une foule frivole
Peut à peine écouter la puissante parole
Du vieil historien qui ne lit qu’en tremblant ?

Et qu’importent les chars et les chevaux rapides,
Les combats à la lutte, au disque, au pugilat ?
Qu’importe que l’Alphée ait dans ses eaux limpides
Vu se baigner jadis les lutteurs intrépides,
Quand la Grèce au grand nom brillait dans son éclat ?

Qu’ont ces siècles passés de tel qu’on les envie ?
— France ! ô noble pays ! ô foyer lumineux !
Pour éclairer la route et féconder la vie,
Toi, tu n’as pas besoin de la flamme ravie
Aux autels où brûlait l’encens pour les faux dieux !

S’ils avaient leurs combats, nous avons nos batailles !
Que sont quelques cités auprès du peuple fort