Page:Gausseron - Les Fils de Kaïn, 1870.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 21 —


Donc, le Peuple est debout, sachant ce qu’il veut faire,
Et sachant qu’il le peut. Voici que, pour lui plaire,
Ses maîtres, doucereux, lui disent : — Que veux-tu ? —
Et que Dieu même change en grâce sa colère.
Mais on n’est pas vainqueur sans avoir combattu.
Et le Peuple n’attend rien que de sa vertu.


Le Peuple ne veut pas de grâce, Dieu fossile
Qui penses retremper ta vie en un concile.
Le Peuple ne veut pas de faveurs, ô tyrans
Qui croyez le tenir encore longtemps docile
En allégeant le joug, comme font les parents
Qui relâchent la bride aux fils devenus grands.

 
Regardez ! Les blancheurs de l’aube de la vie
Se lèvent au lointain, et la foule asservie
Sent ses vieux fers rouillés tout près d’être rompus.
C’en est fait. Au banquet la Justice convie
Le genre humain entier. Les tyrans confondus
Au cloaque commun s’engouffrent, corrompus.


Ils mourront à jamais, tous, Dieu qui les engendre, —
Eux, ses fils, dont les dents toujours se font entendre
Mâchant quelques lambeaux humains — et leurs valets
Immondes et rampants, qui sont payés pour tendre
Devant l’Humanité leurs ténébreux filets,
Et rapporter leur chasse au Maître, en son palais.