de fraternité établis par le christianisme, brise par là même les appuis du pauvre et du faible et le réduit à la nullité de ses ressources individuelles. Né pour la société, l’homme se trouve alors dans un état violent et anormal. L’instinct de sa conservation et de son bien-être lui fait faire de persévérants efforts pour en sortir. Toutes les tentatives d’associations, de coalitions d’ouvriers ; toutes les sociétés secrètes ou publiques, régulières ou irrégulières, qui ont sans cesse cherché ou réussi à s’établir depuis un demi-siècle, n’ont pas d’autre principe. Entre les mains de certains hommes, ce besoin réel est devenu la base d’un système faux. Ils ont conçu l’association sur une vaste échelle : ils l’ont présentée comme la condition nécessaire de la force et du bien-être, comme le but suprême de l’humanité. Là est tout le secret de leur puissance et la raison des sympathies qui les entourent : le socialisme en est sorti.
Le malheur est que, le sachant ou sans le savoir, les auteurs de cette utopie ont cherché là où elle n’est pas la solution du problème. L’égoïsme sous une forme nouvelle est au fond de leur système, car la charité n’y est pas ; elle n’y est pas, parce que la foi et le monde surnaturel en sont bannis. Voilà pourquoi leur utopie est radicalement impraticable ; pourquoi, hier encore si belle, elle est aujourd’hui hideuse et sanglante.