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« En menaçant la propriété, en l’écrasant de nouvelles taxes, on ébranle aussitôt la confiance, on arrête tout échange, on supprime le travail, on réduit tout le monde à la misère. Le riche ne consomme pas pour sa nourriture un grain de blé de plus que le pauvre ; donc tout ce qu’il possède passe de ses mains dans d’autres mains. Dépouillez-le arbitrairement, vous dépouillez du même coup tous ceux qui participent à son capital. »

Ouvriers, c’est à ce point de vue qu’il faut vous placer pour juger sainement certains actes du gouvernement provisoire et certains systèmes auxquels peut-être vous avez applaudi. Les actes dont je parle sont entre autres : les décrets sur l’impôt des boissons, l’impôt sur les objets de luxe, sur le rachat des chemins de fer, sur le rachat des compagnies d’assurance, sur les créances hypothécaires, sur les successions, pour lesquelles on a proposé d’élever en certains cas le droit du fisc jusqu’à cinquante pour cent ; enfin, la proposition de l’impôt progressif, substitué à l’impôt proportionnel. Toutes ces mesures, qui au premier coup d’œil semblent dictées par votre intérêt, vous conduisent à la misère. Si jamais elles sont appliquées, il n’y a plus de riches, plus de propriétaires, partant plus de capitaux, plus de travail, plus d’ouvriers. Il est vrai, tous les Français seront égaux ; mais égaux devant l’indigence.

Soyez donc sur vos gardes ; d’autant plus que ces décrets isolés sont autant de jalons placés sur la route de la société, pour la conduire au socialisme et