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tière : elle est le dernier mot du présent et le premier de l’avenir.

En France déjà, nous sommes arrivés à un commencement d’application. A partir de l’établissement de la République, presque pas de jour qui n’ait vu formuler un nouveau système, présenter un nouveau décret, solliciter un nouveau crédit, tenter un nouvel essai. Vains efforts ! au lieu de diminuer, l’inquiétude augmentait ; l’horizon se couvrait de nuages de plus en plus sombres ; l’orage était imminent : évidemment le problème n’était pas résolu.

On en était là, lorsqu’une épouvantable catastrophe est venue soudain justifier toutes les alarmes. Ni le canon qui cesse à peine de gronder, ni l’immense douleur qui couvre Paris et la France d’un voile lugubre, n’ont pu distraire les esprits de la grande question de l’époque. Après comme avant la lutte, elle demeure l’objet de toutes les pensées, le sujet de toutes les inquiétudes, le texte obligé de mille commentaires différents dans la presse et dans la conversation.

Quand, au milieu du bruit confus de tant de voix qui se contredisent, il est enfin possible de rentrer en soi-même, on se demande d’abord : quel est le sens précis de la question ?

Dans les temps ordinaires, organiser le travail, c’est régler les rapports des maîtres et des travailleurs[1] ; c’est assurer aux premiers un bénéfice légi-

  1. Je me sers de ce mot, sans accepter la signification perfide qu’on veut lui donner. Aujourd’hui on affecte d’appeler l’ouvrier travailleur,