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Beaujour.

De son plus beau tapis, montant vers la maison Du Mouton estoilé à la blanche toison ; Du Taureau primerain, dont la corne féconde De toutes belles fleurs fait rajeunir Σ monde ; De là, gaignant pays par le vague des cieux, Il se joint aux Jumeaux signe plus gracieux. Ja la bize s’appaise, et ja la belle Flore, Les bois, les champs, les prez de mille fleurs redore ; Ja, le mignard Zephir, amoureux de ses yeux, Porte par les forestz, par l’air et par les cieux Son pleine soëfve ; et ja voicy l’hironde, Qui nous venant revoir, esloigne un autre monde ; Ja les autres oyseaux, d’une nouvelle voix, Bien-viennent les Zephirs qui soufflent par les bois. [Puis donc qu’en ce beau temps toute fleur renouvelle, Puisque tout s’esjouit d’une amour mutuelle, Que mille et mille oyseaux, d’un chant délicieux, Remplissent l’aer, les bois et la terre et les cieux,] 1 Muse, ne veux-tu pas que nous quittions la ville Pour aller vivre aux champs une vie gentille ? (a) Que ferions-nous icy dans ces murs prisonniers, Où le peuple mocqueur et les courtisans fiers Font un second enfer ? Sortons, sortons à l’heure, Afin que nous trouvions plus heureuse demeure. A trois lieux de Viliers (des Rois digne séjour) Est sis un prioré, que je nomme Beaujour,

a. Var. :

Allons, allons, amis, il faut quitter la ville, Chacun trouve des champs la vie plus gentille.

1 . Les passages entre crochets sont toujours (à moins d’indi- cation contraire) des vers supprimés dans l’édition de 1604.