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Le Printemps

Dedaignans Cupidon la suyvre par les bois, (a) Criantz, courantz, brossantz aux lieux les plus espoix ; Chassons l’oisiveté et la molle paresse Pour suyvre alegrement ceste chaste Déesse ; Cest exercice gay, vainqueur d’oisiveté, L’on appelle, à bon droict, amy de chasteté. Sus doncq’, guide mes pas, ô vierge chasseresse ; Je veux ores quitter toute delicatesse, Pour suyvre (franc d’amour) le sentier où tes pas Se dressent, pour aller à tes chastes esbas. Donne à ma Muse effort tant que haut elle entonne Les plaisirs qu’en chassant par les bois on se donne. [Mais si je me transporte, en n’entresuyvant pas Par le creux des forests la trace de tes pas, Vierge, pardonne-moy, pardonne-moy, Déesse, Si je m’esgare un peu ; ce n’est pas que je laisse De mon bon gré tes pas ; c’est cest enfant puissant, Qui conduit, par l’obscur de ce bois verdissant, Les miens par luy forcez, ne voulant que je vive Sans sentir son pouvoir, afin que ne te suive ! Seule des cieux tu es de qui le chaste cœur N’a senti de ses traicts et la force et l’ardeur. Donc, Vierge, excuse-moy : aussitost je veux suivre Tes pas, que je seray de ce tyran délivre.] ’ Ja desja cest hyver perruqué de glaçons, De neges, de frimas, derrière nous laissons ; Ja le flambeau du ciel, quittant le Capricorne, L’Eschançon, les Poissons, fait que la terre s’orne

a. Var. : (Fuyantz ce Dieu lascif) travailler par les bois,

1. Ces douze vers sont supprimés dans l’édition de 1604.