Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

vieille poutre du toit grinça au-dessus de ma tête, et ébranla un nid d’hirondelles ; il tomba du nid un petit oiseau sans plumes, pauvre petit cadavre glacé ; bientôt la mère et le père arrivèrent à tire d’ailes vers leur demeure silencieuse, vers leur coin chéri, et, n’ayant point trouvé leur petit, ils sortirent tous deux…. — avec quel désespoir ! demandez-le à la mère à qui les hommes ont volé son enfant…. Enfin ils l’aperçurent sous le banc où j’étais : — ils tombèrent tous deux sur le sol comme sans vie, le père à gauche, et la mère à droite ; ils se placèrent près de lui, mirent sous lui leurs ailes et le traînèrent derrière eux comme des pleureuses plongées dans une profonde douleur. — Mais la mort de l’oiseau était si récente, si inattendue, c’était une telle trahison du ciel, que le père n’en croyait point la mère. Tous deux lui donnent encore la pâture ; ils tâtent de leurs becs et son corps et ses plumes naissantes. Et lui, la tête allongée et livide avec son embryon d’ailes encore informes, il est là, comme un aigle d’argent sur un écusson. Alors, ô sainte incrédulité maternelle ! ô longue et sublime inquiétude de ces deux cœurs, ô pensée sublime chez des oiseaux, pensée céleste ! tous deux prirent leur petit par une aile, et l’enlevèrent au dessus du bouleau, qui comme une nymphe rustique laisse tomber çà et là ses guirlandes de festons… ils l’enlevèrent pensant que le vol réveillerait