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Wielopolski, imbu des mêmes préjugés que le poète, s’adressait du moins au véritable coupable dans sa lettre au ministre autrichien.

Mais j’ai hâte d’en finir avec ces questions irritantes. Aussi bien, nous touchons à la fin de la carrière de notre poète. Il ne nous reste plus à parler que de son dernier ouvrage et de ses derniers moments.

Son dernier ouvrage, le chef-d’œuvre de la poésie mystique, c’est le Roi Esprit. Il n’en publia de son vivant que la première partie, le premier rhapsode composé de cinq chants ; mais dans les œuvres posthumes on trouve la suite de ce poème malheureusement inachevé. Le poète voulait y représenter la suite de l’histoire de Pologne, en personnifiant dans une seule âme humaine, subissant mille métamorphoses, mille incarnations successives, l’âme même de la Patrie, d’abord Popiel, puis Miecislas I, puis Boleslas-leHardi, elle serait sans doute devenue tour à tour Boleslas Krzywousty, Kasimir II, etc., puis Lokietek ou Casimir-le-Grand, avant de revêtir le corps de Sigismond I ou de Batory, de Czarniecki ou de Sobieski et plus tard de Kosciuszko : cette œuvre grandiose et pleine de profondeur dépassait peut-être les forces humaines ; en tous