Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

déjà, dans Anhelli, fait comme une réduction de la Divine Comédie. Anhelli n’est-il pas le Dante ? La Sibérie qu’il parcourt sous la conduite du Schaman ne ressemble-t-elle pas par quelques points à l’enfer où Virgile guide le poète florentin, et cette Eloa qui apparaît à la fin, n’a-t-elle pas quelque chose de l’angélique auréole de Béatrice ? Cette fois, l’imitation fut plus directe, et pour cette raison même, je le suppose, beaucoup moins vraie, beaucoup moins vivante. l’Enfer de Piast Dantyszek est inférieur aux antres œuvres du poète : l'humour polonais du bon Szlachcic qui va se plaindre à Dieu portant à sa ceinture les quatre tètes de ses fils morts pour la patrie et qui les lance tour à tour contre les grands criminels qu’il rencontre sur sa route, si bien qu’il n’arrive pas jusqu’au tribunal divin pour y lire sa protestation contre le meurtre de la Pologne — ne semble pas en situation. Cet enfer grotesque sur les douleurs de la patrie, malgré des parties d’une profonde émotion qui tranchent sur des saillies un peu bouffonnes, nous paraît choquant en un pareil sujet, et nous regrettons de voir des perles de poésie jetées çà et là dans ce véritable chaos poétique, espèce de cauchemar fiévreux et délirant du poète : lEnfer de