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enfants : au bout de quelques jours, son fils aîné est mort de la peste — et la nuit suivante, deux de ses filles y ont succombé à leur tour. Puis son troisième fils est atteint et meurt entre ses bras. — Le second fils le suivit bientôt, le moins aimé de la famille, le moins pleuré après sa mort. Au bout de dix jours d’angoisses, sa troisième fille, la plus charmante, s’éteint également — et elle était belle comme un ange après sa mort ! — Il ne restait plus que le dernier né que nourrissait encore la mère, et qui, cinq jours après sa sœur, fut aussi frappé comme de la foudre. Le père et la mère restaient seuls, quand vinrent les médecins de la quarantaine ; on leur ordonna de se frapper la poitrine à l’endroit où la peste jette les premiers germes — et la mère tomba morte. — L’Arabe échappe seul au fléau, et c’est lui qui, dans le poème, raconte ces morts successives et termine ainsi son récit. « Maintenant j’ai neuf chameaux prêts à partir ; regarde, et huit selles sont vides. Il ne me reste plus rien — que Dieu seul… Voilà mon cimetière, et voici mon chemin. » — Tel est le fait — et maintenant, lisez le poème. Il n’est pas long — quatre cents vers tout au plus. —Mais dans ces quatre cents vers, le poète a mis tant d’art, tant d’émotion, tant de variété dans l’expression de