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d’un Dante et la raillerie légère d’un journaliste parisien.

Que dire des deux épîtres égyptiennes, la Visite des Pyramides et la lettre écrite sur le Nil ? On ne saurait rien imaginer de plus parfait que ces descriptions si sobres et si grandioses, si lumineuses et si simples, où le coloris du vers reproduit si exactement l’effet du paysage, où le détail précis comme dans un guide, précède et amène toujours la réflexion philosophique juste et profonde, où rien ne détonne, où tout se fond dans une puissante harmonie.

Toutefois, le chef-d’œuvre oriental du poète, c’est, comme nous l’avons dit, la Peste au désert. — La scène se passe à El-Arish, entre l’Égypte et la Syrie, alors réunies sous le sceptre ou plutôt sous le glaive de Méhémet-Ali, et entre lesquelles le pacha avait établi une quarantaine. Slowacki fut soumis à cette quarantaine, qu’il a merveilleusement racontée dans la préface de son poème, car il eût été un de nos premiers prosateurs, s’il n’eût été un de nos plus grands poètes, et c’est pendant son séjour au désert, que le docteur de la quarantaine lui raconta l’histoire qu’il a immortalisée. Rien de plus simple que cette histoire : un Arabe est arrivé à El-Arish avec sa femme et ses sept