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vues et vécues, véritablement senties et véritablement peintes. Et d’abord ce Voyage en Grèce, malheureusement inachevé, écrit en sizains, d’une grâce, d’une facilité, d’un esprit qui sont une révélation pour le lecteur qui vient de s’enivrer du vin capiteux d’Anhelli et de Kordian, ou du divin hatchich, du philtre divin de En Suisse ! Quelle étrange souplesse de talent ! Voici maintenant on ne sait quel mélange de Pulci, de Byron et d’Alfred de Musset, voici le vin léger, mousseux, pétillant de la fantaisie la plus brillante…. et pourtant au fond de la coupe on trouve toujours la goutte d’amertume, la douleur du patriote, le regret de la patrie absente, le souvenir des premières années et des premières amours ; et puis parfois, comme dans le Tombeau d’Agamemnon, cette amertume déborde, éclate, inonde tout, et se répand en strophes désespérées, où la douleur va presque jusqu’au blasphème, où l’amour blessé pour la Patrie va presque jusqu’à la malédiction.

Il est à regretter que ce poème n’ait pu être terminé : mais ce qui en reste, suffirait à faire la célébrité d’un autre que Slowacki. La Grèce antique, et la Grèce contemporaine s’y retrouvent vues et senties par un exilé polonais avec la tristesse