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les nuages assombris les lueurs des aurores boréales, et enfin il annonce le triomphe de ces martyrisés et de ces égarés…. mais le triomphe après la mort.

Je vous le demande, à présent que la génération dont faisait partie le poète et qu’il a voulu dépeindre est bien près d’être tout entière disparue, n’est-ce pas la vision prophétique de la triste réalité que cette élégie d’un nouveau genre ? Si vous voulez sentir la beauté et la force de cette œuvre, lisez le chapitre où Anhelli dans le cimetière des exilés évoque le souvenir de ceux qui y dorment et entend une voix souterraine lui réciter leurs noms oubliés, et puis allez dans un de ces cimetières parisiens où reposent les nôtres, le cimetière Montmartre par exemple, là tout près, d’où tant de nos morts et Slowacki lui-même prêtent peut-être l’oreille à nos entretiens, et si vous n’êtes pas saisi d’une poignante émotion, d’une tristesse infinie, c’est que vous êtes bien stoïque ou bien inaccessible à tout sentiment de pitié humaine et patriotique.

Anhelli pour moi n’a qu’un défaut, c’est qu’il y manque une suite. Non ! Anhelli n’est pas mort seul, sans rien laisser après lui. Non ! le cavalier apocalyptique qui vient l’appeler après sa mort