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idée et comme exécution. Il était difficile de faire de la Sibérie le théâtre d’une élégie mélancolique et pleine des sombres couleurs de Moore ; le poète y est parvenu… Après cette lecture, je suis tombé dans une sorte de sommeil magnétique et j’ai rêvé à toutes les étoiles, à toutes les lumières qui remplissent ce livre ; étoiles et lumières telles que nous n’en connaissons pas, semblables à celles qui éclaireraient le néant, si l’on pouvait concevoir le monde du néant. »

J’ajoute qu’Anhelli a été traduit à trois reprises en français (par M. de Noailles, M. L. Léger, M. Ch. Edmond) et admiré par tous les lecteurs français, qui pourtant sont difficiles en fait de clarté, mais qui, trouvant dans l’œuvre de Slowacki un perfectionnement artistique des œuvres du même style de Mickiewicz et de Lamennais, se laissaient entraîner par la richesse d’imagination, la splendeur de coloris, l’intensité d’émotion de cette création hors pair, unique dans son genre. D’autre part, hélas ! que j’en ai entendu, parmi nos compatriotes les plus lettrés, de censeurs impitoyables d’Anhelli ! « Qu’est-ce que cela veut dire ? s’écriaient-ils ; où sommes nous ? en Sibérie ? en Pologne ? en émigration ? Et quelle conclusion tirer de tous ces tableaux incohérents ? Quelle est