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rité, l’amour des grandes choses qui meurt dans la personne du prophète, qu’il appelle le schaman. Anhelli a encore auprès de lui une consolation terrestre, la pénitente, sa sœur Ellenaï. Mais un homme comme lui ne peut avoir longtemps une consolation humaine. La mort enlève aussi sa sœur. Le récit de cette mort est fait de main de maître, avec une simplicité divine. Maintenant Anhelli est seul, complètement seul, car tous ses compagnons d’exil se sont massacrés, ont disparu, ont péri ; son âme est triste et pleine de regrets. Il n’a plus pour dernière société que l’ange Eloa créé par Alfred de Vigny et transporté par Slowacki jusque dans les neiges du désert. Ange né d’une larme du Christ sur le Golgotha, ange de pitié trompé par Satan, et qui ensevelit maintenant les os des morts que l’aurore boréale fait resplendir sur la blancheur de ces plaines désertes, cet ange est né une seconde fois sous la plume de Slowacki.

Enfin Anhelli, courbant lui-même la tête, rend le dernier soupir. Mais à peine est-il mort qu’un cavalier accourt sur son coursier, un cavalier semblable aux visions de l’Apocalypse, et criant d’une voix de tonnerre ; « Aux armes ! » Mais Eloa lui répond : « Continue ta route ; Anhelli est mort, il m’appartient pour l’éternité. » Telle est la fin.

Je ne connais rien de plus triste, de plus poétique comme