Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée

du génie ; mais il est animé de la flamme divine ; mais la patrie y sent battre son cœur. C’est assez, Mickiewicz n’a plus le droit de prononcer son jugement dédaigneux. Et la preuve, c’est que plusieurs attribuèrent à Mickiewicz lui-même ce drame qui avait été publié sans nom d’auteur. Slowacki avait voulu lutter avec son rival : cette erreur du public, très compréhensible, il faut le dire, prouve que la lutte cessait d’être inégale. L’enfant, comme dit Musset, était devenu un jeune homme ; et sous sa juvénilité, encore trop apparente en maint endroit de Kordian, perçait déjà la maturité du génie.

Cependant, par là-même qu’il avait été publié sous le voile de l’anonyme, le drame de Kordian ne contribua pas tout d’abord à augmenter la réputation de Slowacki, et comme, de 1834 à 1838, le poète ne fit paraître aucun ouvrage, à cause de son voyage en Orient, dont nous allons parler tout à l’heure, ce ne fut que vers cette époque que son nom commença à être non pas encore acclamé, mais du moins discuté, et cela avec la publication d'Anhelli et des Trois Poèmes. Anhelli, nous l’avons déjà dit, avait été composé à Genève avant le voyage d’Orient, ainsi qu’un des trois poèmes, celui qui s’appelle En Suisse.