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plus sage encore que la voix de Daniel. Ensuite, la liberté ! Ensuite, la clarté du jour ! La Pologne étend ses limites jusqu’aux deux mers, et après une nuit de tempête, elle respire, elle est vivante. Vivante !… avez-vous bien sondé les profondeurs de ce mot ? Je ne sais… Mais dans ce seul mot je sens un cœur qui bat ; je le divise en sons, je le brise en lettres, et, dans chacun de ces sons, j’entends toute une voix immense ! Le jour de notre vengeance sera grand dans l’avenir, les siècles en garderont la mémoire ! Dans la joie de ce premier jour de liberté, les hommes frapperont les airs de leurs cris d’allégresse, puis ils mesureront par le souvenir les longues ténèbres de l’esclavage passé ; ils s’asseoieront… se mettront à pleurer en sanglottant comme des enfants, et l’on entendra le grand cri de douleur de la résurrection. (On entend un murmure d’enthousiasme.)

Une sorte de lutte s’engage d’abord entre Kordian et le président, vieillard vénérable, découragé par une longue série d’espérances déçues. Cependant les conjurés refusent d’ajourner la vengeance, on va procéder à un vote qui décidera du sort du tzar et de sa race. Le vieillard épouvanté ne cherche plus à arrêter l’élan de l’assemblée et se lave les mains de tout sang versé.

Le Qui vive ? de la sentinelle, suivi du bruit de la chute d’un corps, cause un instant de trouble ; c’est un