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les mines ? combien on en a égorgés ? combien ont été avilis et transformés en traîtres ? Quant à nous, nous sommes tous enchaînés à un cadavre ; car cette terre est un cadavre.

Le tzar a eu peur de la rage de son frère, et il Ta jeté sur la Pologne pour la salir de son écume et la déchirer de sa dent furieuse. — Conjurés et vengeurs ! lorsque le tzar, debout devant l’autel, mettait la couronne sur son front, c’était alors qu’il fallait le percer du glaive étincelant de nos rois, l’enterrer dans l’église, puis la purifier comme si la peste y avait passé, en murer les portes, et dire : « Dieu puissant ! ayez pitié de ce pécheur ! » Voilà, et rien de plus Maintenant le tzar est assis à table, nos humbles satrapes courbent le front devant lui ; les rubis du vin étincellent dans des milliers de verres, les flambeaux brillent et la musique retentissante émiette les moulures de la muraille. Tout autour de la salle, des femmes épanouies, fraîches et embaumées comme les roses de Saron, appuient leurs fronts sur les épaules des Moscovites. (Avec force.) Entrons à ce banquet… et écrivons en lettres de feu sur la muraille un arrêt de vengeance et de destruction, l’arrêt de Balthazar. Le tzar laissera tomber de ses mains sa coupe à moitié pleine, et les paroles tracées par la lueur bleuâtre des glaives, ce sera la mort qui les lui traduira, la mort,