Page:Gasztowtt - Le Poète polonais Jules Slowacki, 1881.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne pouvez forcer le poète à regarder Nicolas comme le roi légitime de la Pologne, et à s’incliner devant les traités de Vienne. Mais non ! ce n’est pas même cela. C’est le tableau vrai, non dans le détail, mais dans l’accent, dans les traits généraux, d’une époque de la vie nationale : c’est le cri éloquent, déchirant, sublime du patriotisme de la jeunesse qui va faire tout à l’heure le 29 novembre, et, quoi qu’on dise, cette scène restera à la fois comme un chef-d’œuvre d’éloquence et comme une page d’histoire. Écoutez plutôt :

(La scène se passe dans les caveaux de l’église Saint-Jean les conjurés sont réunis. — Kordian, masqué, leur adresse ce discours :)

Je plonge mes regards dans les ténèbres du passé et j’y vois l’ombre d’une femme en deuil. — Qui est-elle ? — Je tourne les yeux vers l’avenir et je vois devant moi des milliers d’étoiles ; l’ombre du passé tend les bras vers ces étoiles ; ces étoiles, ce sont des poignards. Cette ombre, c’est l’ancienne Pologne.

La sagesse des hommes d’État a greffé sur le vieil arbre la Pologne nouvelle ; toutes deux ont fleuri sur la même tige, comme deux roses de diverses couleurs sur un même rosier ; toutes deux sont comme deux