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raison.

Slowacki feignit de comprendre autrement, et dans sa préface de Lambro, il attaqua ouvertement ce cénacle de poètes polonais réunis à Paris, qui ne voit de poésie que dans l’inspiration religieuse. C’était déplacer la question : il peut y avoir poésie sans religion (le doute et le désespoir religieux n’ont-ils pas inspiré Byron et Musset, qui le disait si bien : Les plus désespérés sont les chants les plus beaux ?), mais il n’y a pas de poésie sans une foi quelconque, sans la foi au moins à ce qu’on dit, et cette foi-là, sauf de rares exceptions, en vérité nous ne la trouvons pas dans les premiers ouvrages de Slowacki.

Zmija n’en est pas moins d’ailleurs une œuvre très belle et qui restera, parce qu’elle retrace fantastiquement, mais poétiquement, les mœurs des Cosaques Zaporogues ; Bielecki n’en est pas moins un poème justement devenu classique par la pureté du style et le caractère vraiment national du sujet et des descriptions de mœurs ; Lambro enfin n’en est pas moins, en certaines parties, une merveille de style et un modèle d’éloquence passionnée et patriotique. Belles œuvres, sans doute ! — mais chefs-d’œuvre ?… non pas.

J’arrive à Kordian. Ici tout change de face. Ce drame, dans le genre de Faust, de Manfred et des