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ivée et qu’elle ne découle pas du cœur ulcéré du poète, mais simplement d’une manière et d’un parti pris littéraire : le poète n’est pas désespéré, mais, si je puis me permettre cette expression familière, il pose pour le désespoir. Or, s’il est une chose qu’on ne peut pardonner à un poète, c’est ce manque de sincérité avec lui-même, c’est cette sorte de mensonge d’un genre particulier qui veut en imposer et n’atteint pas son but, parce que, là où manque la sincérité de l’accent, l’illusion est impossible, et le lecteur a bientôt fait de démasquer l’auteur et de lui refuser sa confiance, et par suite son admiration.

« Vos vers sont beaux, dit-il au poète, vos descriptions sont pittoresques ; vous vous déguisez bien ; mais je ne veux pas de ces déguisements : c’est vous-même que je désire voir, c’est avec votre cœur que vous devez me parler. »

N’est-ce pas là, en d’autres termes, ce que voulait dire Mickiewicz dans la phrase si souvent citée ? Le dieu qui manque dans ce temple magnifique, n’est-ce pas au fond l’inspiration vraie ?

S’il en est ainsi, et nous croyons que c’est bien le véritable sens du mot de Mickiewicz, il faut l’avouer, jusqu’à Kordian il avait pleinement