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apportera ce qu’elle demande, qui donnera satisfaction à ses désirs, et, je le répète, à ses besoins ? Telle était la situation de la France, telle était aussi celle de la Pologne vers 1820 : et c’est alors qu’à heure dite, au moment propice, apparurent ici Lamartine et Victor Hugo, là-bas Mickiewicz et sa pléiade. Ils apportaient des chefs-d’œuvre, et c’était évidemment là la première condition de leur succès ; mais aussi, et c’était la seconde, ils étaient arrivés à propos. Toutefois l’appétit intellectuel ressemble en cela à tous les autres appétits : il s’apaise par la satisfaction, puis il renaît avec une périodicité facile à constater dans l’histoire des littératures. Aussi malheur à quiconque produit, même des chefs-d’œuvre, au moment où les premiers survenus sont dans toute leur gloire, dans tout l’éclat de leur succès ; l’opinion, publique enivrée, n’ayant d’applaudissements que pour ses favoris, ne tourne pas les yeux vers le nouvel arrivant, dont les chefs-d’œuvre risquent d’attendre fort longtemps l’heure où ils seront appréciés à leur juste valeur.

C’est là évidemment la cause principale du peu de bruit et d’impression que firent les œuvres de Slowacki en général pendant toute sa vie, tandis qu’elles devaient devenir si populaires après sa