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supérieurs dans les travaux politiques de l’émigration, auxquels ils ne se sentaient pas aptes et dans lesquels ils n’auraient pas pu occuper la place qui semblait leur revenir par droit d’intelligence ou de génie.

Car, Messieurs, il en est un peu de la politique comme de la vie de ménage, dont nous parlions tout à l’heure : elle n’est pas faite pour tout le monde, et c’est toujours avec une certaine terreur que je vois les poètes, entre autres, replier leurs ailes et descendre de leurs templa serena dans cette arène tumultueuse où il leur faudra sacrifier quelque chose de leur idéal, se dépouiller de quelques-uns des rayons qui forment leur auréole, recevoir des coups et en rendre, devenir peut-être, proh pudor ! des opportunistes au lieu de rester des inspirateurs. Est-ce à dire que je ne veux pas que les poètes prennent part à la vie de la nation ? Loin de moi un pareil blasphème. Notre poésie du XIXe siècle est nationale, et par là même (pourquoi ne le dirais-je pas ?) politique, et c’est là ce qui fait sa grandeur. Mais autre chose est de guider la marche d’une nation en se plaçant sur les hauteurs et en lui montrant de la main le but idéal, et autre chose de se mêler à la foule pour défricher le chemin, pour