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Genève, dans les montagnes de la Suisse, à Florence enfin, son cœur fut troublé, son imagination enflammée. Cependant aucun de ces amours, même celui auquel nous devons l’admirable poème intitulé W. Szwajcarji (en Suisse), ne put lui faire oublier le premier ; et nous ne croyons pas aux raisons données par les biographes pour expliquer que Slowacki ait reculé toujours devant un aveu définitif, devant le Rubicon d’une demande en mariage : c’était orgueil, disent-ils, ou crainte du ménage et de ses charges. Non, c’était bien plutôt l’image toujours vivante de l’amante des premières années, chassant les vains fantômes qui prétendaient lui succéder dans le cœur du poète. Consolatrices, peut-être, pour un temps : mais consoler n’est pas guérir, et la première blessure était incurable. Et puisqu’il n’avait pu réaliser son idéal en épousant l’objet de son premier et poétique amour, je suis presque heureux, je l’avoue, que Slowacki n’ait pas cédé à « l’occasion, à l’herbe tendre », et qu’il n’ait pas fini, comme d’autres, par tomber dans la prose de ce que l’on appelle, je ne sais pourquoi, un mariage de raison. Il se plaint dans son testament d’avoir vécu seul et de ne laisser « aucun héritier, ni pour sa lyre ni pour son nom, et de savoir que ce nom passera