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prendre, il lui demandait conseil ; et toujours elle lui donna franchement son avis, même sur ses œuvres poétiques, approuvant quelquefois, critiquant plus souvent encore, et forçant ainsi le poète à travailler toujours pour se perfectionner, et à justifier ses hardiesses, qui étonnaient parfois et effrayaient presque son bienveillant Aristarque. Elle était donc à la fois pour le poète une mère et une muse. Sa mère et sa patrie, tels furent en effet les deux amours dominants qui inspirèrent Jules Slowacki, et nous n’en connaissons pas de plus nobles, de plus purs, de mieux faits pour élever l’âme d’un poète au-dessus des fanges de la vie réelle vers cette sphère idéale où réside exclusivement la véritable poésie.

Mais ce ne furent pas ses seules amours. Précoce en toutes choses, celui qui composa un drame à dix-huit ans n’attendit pas cet âge pour avoir son roman de jeunesse. Sa mère s’étant remariée à un professeur de l’Université de Vilna, le docteur B…, veuf lui-même et père de deux filles plus âgées que Slowacki, et qui le gâtèrent presque autant que sa mère elle-même, il distingua parmi les compagnes de ses sœurs une jeune fille, Mlle Louise S…, qui était âgée de quelques années de plus que lui. L’enfant de quinze ans