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l’art que dans la religion et le patriotisme, cette délicatesse raffinée, subtile quelquefois, qu’il porte dans l’analyse de ses sentiments comme dans le nuancement de ses pensées, toutes ces qualités exquises, mais plus féminines que viriles, étaient à coup sûr un héritage de sa mère, et en même temps un résultat de son éducation.

Son amour immense de la gloire (il avait à peine huit ans qu’il demandait à Dieu de le faire poète et de lui donner la gloire après sa mort), passion qui fit la force et le tourment de sa vie, et d’où procède en partie sa vocation poétique, était aussi nourrie en lui par l’affection exaltée, noblement orgueilleuse, de cette mère qui avait concentré sur son fils unique toutes les ardeurs de son âme. Il lui a été donné de voir avant de mourir se réaliser son rêve de grandeur et d’immortalité pour le Benjamin qu’elle avait tant choyé dans son enfance, et qu’elle avait perdu, hélas ! si tôt par l’exil, sans qu’il lui fût donné de le revoir, si ce n’est pendant huit jours à peine, quelque temps avant sa mort prématurée. Mais de loin comme de près elle veillait sur lui avec une sollicitude, une tendresse jalouse et passionnée ; dans toutes les circonstances graves de sa vie, quelle que fût la résolution qu’il avait à